Une petite fičvre est en train de monter en ce moment, boulevard Saint Germain et dans les rues avoisinantes, les médecins malgré eux du petit milieu des lettres la connaissent bien, c’est la « romanticule » (il n’existe aucune traduction possible en roumain, me semble-t-il). Qu’est ce que la romanticule ? La romanticule s’attrape de préférence en au creux de l’hiver juste aprčs la saison des prix littéraires. Les écrivains, les critiques sont fatigués, ils ont bu un mauvais Champagne, envoyé ŕ ceux qu’ils appellent leurs amis des vœux auxquels ils ne croient pas. Ils se trouvent face au terrible mois de janvier, sans espoir, sans consolation possible. Le petit Jésus est passé, il est reparti ; le pčre Noël est en roman.
A quoi va ressembler le roman du XXIčme sičcle ? Qu’est-ce que l’on ne peut plus écrire ? Le roman est-il encore un « genre » ou bien n’est-il pas plutôt un mode d’ętre ambiant, une sorte de « way of writing » ? Un attrape-tout ? Une étiquette que l’on met sur la bouteille, surtout quand on ne sait męme pas ce que l’on va boire ? La romanticule est le besoin frénétique de se demander ce que c’est qu’un roman. Ceux qui ont la romanticule se couchent tard, prennent des notes en dormant, poussent des cris dans la rue sans męme s’en rendre compte.
On peut multiplier ces questions ŕ l’infini et c’est bien sűr ce qu’il y a de merveilleux avec la romanticule : on ne peut en guérir qu’en étant encore plus malade. Rien de plus triste, ŕ Paris, qu’un homme qui n’a pas d’idée sur le roman et son avenir. L’idée męme que l’on puisse rencontrer ŕ Paris de tels individus est terrifiante. Le fait męme de se poser la question est encore plus terrifiant.
Comme pour alimenter mon angoisse, un aimable savant, linguiste de formation, Tzvetan Todorov, ayant quitté la Bulgarie il y a plus de quarante ans pour venir vivre dans le Včme arro