Plus les jours passent, plus les sondages s’accumulent et plus la tension monte : la campagne pour l’élection présidentielle est entrée dans une zone de haute turbulence. Longtemps, trop longtemps sans doute, M. Sarkozy a été donné gagnant ; c’était sans compter sur l’obstination de Mme Royal qui a remonté, une à une, les marches qui la séparaient de son rival. Aujourd’hui, M. Sarkozy garde un léger avantage, tellement léger que cet avantage ressemble à une plume d’oiseau baladée par le vent : bien malin celui qui pourrait l’attraper et s’en faire un trésor.
Mais surtout, il y a l’homme qui monte : le « centriste » François Bayrou. Bayrou est un bon gars du Béarn (Pyrénées), il a voulu marquer tout de suite son origine régionale : il ne fait pas partie du clan des railleurs qui ne sortent pas des salons parisiens, il est résolument du côté de la province, du côté de ceux qui ne trouvent pas drôles les mots d’esprit, sont sérieux, responsables, comptent leurs sous. A cause de cela, on s’est d’abord beaucoup moqué de M. Bayrou. On le trouvait balourd, avec ses grandes oreilles et sa façon lente de s’exprimer. Et puis, M. Bayrou agacait, avec ses façons de s’en prendre aux médias, clamant partout qu’il n’était pas invité alors qu’il l’était autant qu’un autre. M.Jacques Julliard, l’un des meilleurs commentateurs politiques, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, a eu sur lui ce mot assez cruel, disant de M. Bayrou qu’il était comme un de ces petits vins de Provence « qui vont avec tout ». Autant dire avec rien.
Seulement voilà, la réalité, aujourd’hui, est que M. Bayrou est donné par les sondages à 17% (Sarkozy à 31 et Royal à 26) : si l’on veut bien se rappeler qu’il y a deux mois à peine, il plafonnait à 5%, on peut mesurer le chemin parcouru. Je me doute bien qu’à Bucarest, on se moque pas mal de ces chiffres subtils qui sont com