Quand je pense que ce courrier est déjà le dixième que j’envoie à l’Observator, j’ai l’impression d’être un vieux briscard de cet excellent journal, l’une de ces signatures qui sont à la page ce que peuvent être les vieilles photographies d’un oncle mort à la guerre il y a longtemps, on ne sait même plus quelle guerre…Tout va bien à Paris, où l’hiver est revenu alors que nous avions commencé à étaler nos serviettes de bain sur le bord de Seine, à l’endroit le plus ensoleillé, le long des Tuileries. Il a fallu tout remballer devant l’imminence d’une nouvelle tempête de neige et quand je dis tempête, je suis gentil, car nous n’avions eu jusque là que trois ou quatre journées vraiment froides. Tout s’est passé comme si l’hiver, vexé de n’avoir pu jouer sa partie, avait dit au printemps : « eh là ! Pas si vite ! »
C’est peut-être un peu ce que les profondeurs du corps électoral sont en train de dire à François Bayrou : « pas si vite, ne crois pas que l’affaire est dans le sac ». A l’heure où j’écris ces lignes, M. Bayrou est en voyage sur l’île de la Réunion, son meeting de la semaine dernière au Zénith s’est bien passé, j’y étais. On eût dit un concert des Rolling Stones. Pour le début, au moins, quand le candidat est arrivé avec une demi heure de retard , sous les vivats, la cohue et le crépitement des flashes. Pour le reste, un discours d’au moins deux heures que j’eusse bien remplacé par un concert des Stones (ce n’est pas grave, ils reviennent à Paris en juin prochain). M. Bayrou n’a pas manqué, une fois de plus, de souligner à quel point il était un bon petit gars des Pyrénées qui avait été obligé, très tôt, de travailler de ses mains. Il a dit aussi du mal du CAC 40- ce qui ne coûte pas cher, et rappelé combien son souhait ardent est d’être le « Président du Peuple ».
C’était un discours très ennuyeux, néammoins ponctué de sages applaudi